[Libre] Chemin de la vie

par **Charles Deering** Sam 28 Avr - 16:13

Chemin de la vie
FT. UN INDIVIDU AU CHOIX

Ma vie jusqu’à mon arrivée dans le programme était indéniablement bien remplie ; le temps de devenir quelqu’un je faisais bien des choses, et quiconque peut facilement imaginer que programmer une merveille de la technologie telle que celle-ci m’ait demandé des heures et des heures de travail, assez pour ne jamais m’ennuyer.
Je ne dirais pas que je m’ennuie ici – je n’ai que faire de cette sensation – car de toute manière je me fais un plaisir de toujours découvrir tout et tout le monde, mais ne plus avoir d’occupation directe me manque quelque peu. Il ne s’agit pas d’un manque tout à fait réfléchi, plutôt d’une sensation d’absence que je ne saurais chasser autrement qu’en la comblant.
Je marche tranquillement, les mains dans les poches, réfléchissant à une possible activité qui fasse du bien et à la ville, et à mon simple psychique en quête d’éternel bonheur. Pas beaucoup d’idées me viennent, malheureusement, et je finis plus rapidement que je ne le voudrais par me perdre dans mes pensées. Il faut dire que ce qui m’entoure est des plus agréables, et aptes à me faire rêvasser ; les grandes rues de la ville sont peu peuplées aujourd’hui, mais certaines personnages sages s’y promènent, sûrement grâce au doux soleil qui les illuminent. Le bruit de pas et calmes conversations est musique à mes oreilles, et sans le vouloir je me vois penser à la beauté du programme en lui-même, et au calme qu’il apporte dans un scénario de guerre. J’aimerais parfois m’en empêcher, je trouve que j’exagère, à ne toujours penser qu’au programme, au programme, au programme, mais c’est plus fort que moi, et je me rends bien compte que ce sont des rêveries que j’apprécie. Non seulement suis-je fier de ma part du travail et cette sensation m’est-elle agréable, mais qui plus est me sens-je particulièrement à l’aise dans cet environnement. Je suis sûr et certain que si j’avais été un simple membre du programme, et non un vil imposteur implanté pour d’autres raisons que ma protection, j’aurais été l’un des premiers à l’aduler – oh, ces belles grandes rues calmes et illuminées, ce qu’elles font du bien, quand on se sait en sécurité et surtout chez soi.
Cette ville, c’est chez-moi, et je l’espère chez beaucoup d’autres. Ce que j’aime le plus à son propos est que je m’y sens terriblement à l’aise, indéniablement à ma place, et l’idée que j’aie permis à des centaines peut-être de personnes ainsi qu’à moi-même de vivre un tel Paradis m’enchante. Je me sens bien d’avoir fait du bien, et parfois me trouvé-je un peu égocentrique pour cette raison, mais je me dis que je ne fais de mal à personne pour autant ; aussi me le pardonné-je.
Et je vagabonde, et je vagabonde, sans but et sans histoire, un sourire dessiné sur mes lèvres comme plus souvent que je ne me veux l’admettre, quand tout à coup je sens une main attraper mon bras et je suis tiré vers une des ruelles entourant les grands chemins de ma vie – je ne dis bien sûr que des bêtises, mais supposons que c’est ma manière de supporter un stress soudain ou une sorte de surprise. Surprise en effet, car je suis déséquilibré, et manque de tomber. Je me rattrape de peu devant la personne qui m’a tiré, et fixe le sol à moitié illuminé par le soleil et assombri par l’ombre des murs pendant une seconde avant de lever la tête et observer celui qui ne voulait sûrement pas m’attaquer.